Historique (Église et Clocher)
ORIGINE : AUTANT SEIGNEURIALE QUE RELIGIEUSE
1. Breton ancien : treh ou tref qui veut dire « village » : village de Saint-Mérec.
2. Breton récent : trevered « peuple du cimetière » : rien de significatif.
3. Trévéran : Peuple de Saint Véran devenu par corruption Trévérec.
TREVEREC signifie étymologiquement « treve » ou « peuplade d’Erech ».
Erech ou Riothine qui succéda à son père en 464 fut le cinquième roi des bretons armoricains. Il fut le fondateur ou le bienfaiteur de la paroisse et lui a donné son nom.
On a pu compter jusqu’à cinq manoirs sur le territoire de la commune, Les manoirs de Penduonec et Kerallain existaient dès 1380. Penduonec (photo ci-dessous) est un beau manoir situé sur la rive gauche du Leff face aux ruines, imposantes à l’époque, de l’antique forteresse de Coatmen en Tréméven. C’est là qu’habitait la famille Ollivier qui eut de nombreuses responsabilités dans la vie de la paroisse. Kerallain se situe actuellement sur la commune du Faoüet.
Lezvérec ou Lis-Guérec, manoir couvert de chaume qui existait avant 1854 est moins ancien que Penduonec, son nom signifie « La cour de justice de Guérec » et nous laisse penser que le toponyme de Trévérec est plutôt d’origine seigneuriale que religieuse. En breton « lez vérec » signifie « près de vérec », près du bourg de Trévérec.
En 1693, Monseigneur Olivier Jégou de Kervilio, évêque de Tréguier, appela en visite pastorale Jean Ollivier (héritier de Penduonec) et Isabeau Allanet qui tardaient à accomplir des promesses de mariage faites face à l’église et reçues par M. Hervé alors recteur de la paroisse. Ses exhortations amenèrent une réconciliation entre les deux fiancés et leur mariage fut célébré par le prélat lui-même en présence du pasteur de la paroisse et de Maudez Gouriou, recteur de Quemper-Guézennec.
En 1730, Trévérec comptait 687 habitants, mais en 1742 une épidémie dépeupla la commune.
En 1744, le 28 Septembre, la grande cloche, qui pèse 340 livres, fut bénite par le recteur Jean d’Avalan et baptisée « Marie ». Le parrain et la marraine en étaient Jacques de Penhoadic Seigneur de Lezvérec et Marie Marthe du Périer Dame de Kerpellen.
En 1804, l’église fut fermée et ses portes clouées parce que les prêtres de la paroisse avaient refusé de prêter le serment obligatoire à la constitution civile du clergé. Un prêtre jureur ayant accepté d’officier à Gommenec’h, cette paroisse engloba « de facto » celle de Trévérec.
En 1823, la Restauration rétablit la succursale de Trévérec et l’église fut restaurée, mais de nombreux objets ainsi que le maître-autel et la crosse de Saint Véran, patron de la paroisse, étaient passés de Trévérec à Gommenec’h.
Gommenec’h ne rendit point le maître-autel ni la crosse de Saint Véran, mais on indemnisa Trévérec pour la perte de son autel sculpté par le célèbre Corlay.
En compensation Trévérec obtint l’autorisation de transférer dans son église l’autel de la Chapelle de Notre-Dame-de-Délivrance située sur la commune au lieu-dit « Pontmen », ainsi que divers mobiliers.
Le 13 juin1837, Pierre Ollivier, né à Quemper-Guézennec le 28 Août 1801 fut nommé par le préfet pour remplir les fonctions de maire de Trévérec en remplacement de M. Jean Artur, il administra la Commune jusqu’à son décès le 16 Janvier 1856.
Le 12 mars 1856, Pierre Ollivier fils lui succéda, il resta Maire de la commune jusqu’au 11 Avril 1896, soit pendant une quarantaine d’années.
Monsieur Ollivier était un notable bien connu au-delà du canton.
Cultivateur instruit et intelligent, il géra la commune qui devint la plus performante de la contrée en matière d’agriculture. On y pratiquait déjà la sélection des semences ainsi que des animaux et les instruments agricoles perfectionnés étaient en usage dans pratiquement toutes les fermes, même les plus petites.
Monsieur Ollivier était également à l’origine de la création d’une usine de production de charrues nommée « Ollivier-Dombasle » située à Lanvollon et qui employait une centaine d’ouvriers.
En 1839, l’église de Trévèrec, possède des reliques authentiques de Sainte Philomène dont le pardon est fêté le troisième dimanche de Mai.
1865 – 1868, Construction de l’église
En 1865 bénédiction de la première pierre de la nouvelle Église St Véran, Cette église est en forme de croix latine, elle a conservé plusieurs vitraux colorés de l’ancienne église. On remarque au transept deux arcades ogivales, débris curieux du xvéme siècle, qui rappellent l’église primitive datant de cette époque.
CCCCA cette époque Trévérec comptait 540 habitants. Le Maire, Monsieur Ollivier, constatant que la commune n’avait pas les moyens financiers nécessaires à la construction du toit de l’église et devant faire face à des procès sans fin contre l’architecte M. Angié, profita de la venue à Saint-Brieuc en 1867 de l’Empereur NAPOLÉON III et de son épouse l’Impératrice Eugénie. Il réussit à intercéder en faveur de son problème de toiture de l’église auprès du couple impérial qui était venu pour présider à l’inauguration de la gare
L’Impératrice, émue par la détresse des habitants de Trévérec, fit accorder les crédits nécessaires à l’achèvement des travaux. Très pieuse, elle exerçait une grande influence sur son époux l’Empereur NAPOLÉON III. En 1868 l’église est achevée, elle sera bénite la même année
Mais il restait encore à résoudre le problème du clocher de l’église
Le Conseil Municipal, sous la conduite du Maire, Monsieur Ollivier, désirait construire un clocher plus beau que celui des églises voisines, il décida de faire des économies dans cette perspective pendant 30 années.
C’est donc sous la conduite de Monsieur Gasmeur, élu Maire de Trévérec le 17 Mai 1896, que le clocher fut érigé. Les travaux se terminèrent en 1897. Monsieur Gasmeur resta Maire de Trévérec jusqu’à son décès le 4 Novembre 1920, soit pendant 24 années.
Construit dans le style des anciens clochers du Lannionais, ce clocher est considéré comme le plus beau à l’entrée du Trégor et reconnu comme un joyau architectural. Il présente également un chevet à noues multiples, réalisé dans le style des réalisations de l’atelier trégorrois des Beaumanoir (architecte M. LAGEAT).
Les autres clochers de la Région construits à la même époque, sont de style néo-gothique (Plélo, Plouha, etc) et moins bien classés.
En 1879, près de l’église, une croix de mission fut érigée par l’Abbé Le Fichant, elle porte l’inscription « Ô Christ, puisqu’il me faudra partir d’ici, permets-moi, par ta Croix, d’obtenir la palme de la gloire. »
Cette croix doit son originalité à cette inscription différente de celle des autres croix : « Ô vous tous qui passez ce chemin arrêtez-vous et regardez s’il est une souffrance semblable à ma souffrance ».
Les croix érigées à cette époque avaient pour but d’alerter les Chrétiens contre la dérive possible de la République, la Terreur était encore présente dans les esprits.
Le Gisant, placé contre le mur, serait la pierre tombale de Judith de Lesvérec, décédée fin du XIIIème ou XIVème siècle. Il provient de la Chapelle de Notre-Dame-de-Pontmen ou Notre-Dame-de-Délivrance qui avait été construite au XIIème siècle à l’initiative de la noble et pieuse famille des PENHOADIC. Elle a été cassée et martelée, soit pendant les guerres de religions, soit pendant la Révolution
CCLa chapelle qui était très belle a été pillée et détruite.
CCDes cinq manoirs implantés sur la commune de Tréverec deux sont encore visibles aujourd’hui : celui de Penduonec et celui de Lesvérec. Près de ce dernier on peut encore voir les restes d’un tumulus : le « Tossen-maharit » ou « Tumulus de Marguerite » .
A l’origine il mesurait 22m de diamètre et 1,50m de haut. Il a été fouillé du 17 au 20 Août 1898, les objets récupérés ont été transférés au musée Jean MoulinC[1]Cà Paris.
Dans l’église, la statue de Notre-Dame de Bonne Nouvelle et la statue de la Vierge à l’enfant (XIVème siècle) qui est en bois de pommier polychromé, proviennent de la chapelle de Pontmen.
Un tableau de la résurrection est l’œuvre de Auguste Loyer peintre d’Étables-sur-Mer (années 1850 à 1870).
La Chapelle de Pontmen : « De Vie à Trépas »
Les Penhoadic de Lesvérec, famille ancienne qui existe encore à cette époque en 1854, avaient élevé une chapelle dédiée à la mère du Sauveur sous le nom de Notre-Dame-de-Délivrance.
C’était un fort joli monument dont l’œil ne pouvait se lasser d’admirer l’architecture simple et sévère, les belles fenêtres en ogive ornées de sculptures qui faisaient l’admiration de l’antiquaire.
Mais le croirait-on ? plus impitoyable que la Révolution, notre siècle a détruit tout cela au profit de l’église de Gommenec’h.
Il restait encore en 1854 quelques ruines de Pontmen, mais bientôt elles auront disparu complètement pour ne laisser qu’une place vide, riche à la vérité de souvenirs.
En ce lieu, jusqu’en 1789, les pèlerins accouraient en foule de toutes parts, une fois l’an, le troisième dimanche de septembre, jour de la grande fête de la chapelle. Saint-Yves y vint plusieurs fois.
Ces festivités étaient parfois l’occasion de rixes sanglantes entre les champions redoutables des deux paroisses, qu’une rivalité de longue date avait rendu ennemis.
La Révolution a vu disparaître ces désordres, « Dieu en soit loué ! » mais avec eux, elle a emporté la foi qui attirait à cet endroit des milliers d’êtres souffrants, que la prière rendait plus forts et mieux disposés à accepter leur part des misères de cette vie.
CCAu moment de la Révolution les portes de l’église de Trévérec avaient été clouées. L’exercice du culte se faisait donc à Gommenec’h, On peut penser que la rivalité ancestrale entre les deux communes date de cette époque. La chapelle de Pontmen dut faire les frais de cette rivalité. Cette chapelle n’était en effet qu’une chapelle de secours pour Gommenec’h, qui possédait à l’époque quatre autres chapelles.
Nous avons vu également que la paroisse de Trévérec avait obtenu l’autorisation de transférer le maître-autel et quelques menus objets de la chapelle, dans son église.
A Gommenec’h on était satisfait de cette solution, Pontmen étant une charge dont on avait hâte de se débarrasser. Mais le maire de Trévérec n’était pas de cet avis, il souhaitait récupérer tout ce qui avait été volé six ans auparavant.
Gommenec’h ne rendit point le maître-autel ni la crosse de Saint Véran mais on indemnisa Trévérec pour la perte de l’autel sculpté par le célèbre Corlay .
Une guerre réelle faillit éclater entre les deux paroisses, elle se transforma en opérations de brigandage aux dépens de la vielle chapelle du XIIème siècle
Trévérec eut sa revanche en s’emparant de la statue de Notre-Dame de Bonne nouvelle et de celle de la Vierge à l’enfant (XIVème siècle) ainsi que d’autres statues et de tout ce qui représentait quelque valeur.
Les portes avaient été défoncées et l’édifice abandonné des autorités locales, les voleurs purent s’en donner à cœur joie et emportèrent tout ce qui méritait de l’être : ardoises, poutres, pierres… tout fût déménagé. La Fabrique de Gommenec’h, un peu tardivement, voulut récupérer les reliefs du festin, mais déjà le vénérable clocher s’était écroulé au milieu de l’édifice. Finalement, la part de Gommenec’h fut fort minime.
Par la suite et à diverses reprises, les maires de Trévérec demandèrent au Préfet de leur rendre justice mais l’autorité préfectorale eut toujours la sagesse de ne point se préoccuper de cette affaire.
CCLa Pierre Sacrée, appelée également Pierre de L’Hermite, située dans le pré non loin de la chapelle, est une pierre à cupules naturelles (petites conca-vités) en surface, elle rappelle le caractère sacré de ce site. Un If majestueux, probablement millénaire, est toujours présent, il marque l’empla-cement où se situait la Chapelle.
Le Pardon de St-Véran « Evêque de Vence » : le Pardon de Saint-Véran était dernièrement le principal pardon de la commune. Il avait lieu le premier dimanche d’Août et durait une journée. Autrefois il avait lieu le troisième dimanche d’Octobre et durait 8 jours pendant lesquels il ne se consommait pas moins de 6 vaches, autant de génisses, 10 veaux, 25 moutons, on y buvait aussi une prodigieuse quantité de cidre.
Actuellement on vénère plutôt Sainte Philomène, normalement le troisième dimanche de Mai. Les festivités ne durent plus que 2 jours, le samedi après-midi à partir de 15 h : concours de boules, à 18 h 30 : office religieux. Le dimanche : « foire à tout » toute la journée. L’après-midi à partir de 15 h : concours de boules.
En 1938, Une étude « Un village trégorois » réalisée par Maurice Le LANNOU pour la Revue Géographique recensait 350 habitants pour Trévérec au recensement de 1936 ainsi qu’une demi-douzaine d’auberges et leurs jeux de boules. En 70 années la commune a donc perdu la moitié de sa population et la totalité de ses cafés qui faisaient l’animation du bourg.
En 1987, une partie du clocher fut endommagée par la tempête mais ses clochetons furent réparés en un temps record.
En 2008, Trévérec fait partie de la Communauté de Communes Lanvollon-Plouha, elle en est la plus petite commune avec 174 habitants. Un commerce vient de s’ouvrir dans le bourg (bar, alimentation et restauration).
Références :
- « Dossiers des délibérations Communales »
- « Historique et inventaire des biens Communaux » Benjamin Jollivet , Édition 624,
Ressources Univers, 1854
- « Collection Le Patrimoine des communes de France » Flohic Éditions - tome 1 page 575
Nota : Ce document a été réalisé par M. Marcel THOMAS (Oct-Nov 2008) dans le cadre des sorties ethnologiques. Le texte peut bien sûr évoluer grâce aux apports oraux ou écrits que vous pourriez adresser à la mairie de Trévérec.
[1]23 Allée de la 2ème D.B. Jardin Atlantique, près du Boulevard de Vaugirard et de l’hôtel Méridien.